Les dispositifs d’aide à la conduite ne sont pas réservés aux voitures de luxe. S’il n’y en a pas dans votre voiture, il y en aura peut-être dans votre prochain véhicule. Ils sont partout, et c’est une bonne chose, parce qu’ils rendent la conduite plus sécuritaire. Cela dit, il ne suffit pas de prendre place derrière le volant et de démarrer le moteur pour profiter de leurs avantages. Tous les conducteurs doivent apprendre à conduire avec les dispositifs d’aide à la conduite.
Angelo DiCicco est le directeur général de Young Drivers of Canada et le directeur des opérations d’Advanced Driving Centre, où l’on conçoit des cours destinés à enseigner aux conducteurs d’aujourd’hui tout ce qu’il faut savoir sur les nouvelles technologies automobiles. M. DiCicco donne des cours de conduite à des gens de tous âges depuis plus de 30 ans. Il y a quelques années, il a fait l’essai pour la première fois d’un véhicule équipé d’un régulateur de vitesse adaptatif (ou ACC pour Adaptative Cruise Control).
Les avantages du régulateur de vitesse adaptatif
« Il est bon d’offrir une formation théorique, mais il est impératif d’offrir aussi une formation pratique si l’on veut que les conducteurs maîtrisent les dispositifs d’aide à la conduite. »
Le régulateur de vitesse adaptatif règle automatiquement la vitesse du véhicule de façon que celui-ci demeure à une distance sécuritaire du véhicule qui le précède. Il mesure la vitesse du véhicule de devant à l’aide d’un laser. Si notre voiture est équipée d’un tel dispositif, lorsque la voiture devant nous accélère, le régulateur indique à notre voiture d’accélérer aussi, tout en respectant une distance sécuritaire. De même, si le conducteur devant nous ralentit, le régulateur fait en sorte que notre voiture ralentisse aussi.
Étant donné que le régulateur de vitesse adapte automatiquement la vitesse du véhicule pour qu’il reste à une distance sécuritaire de celui qui le précède et qu’il freine automatiquement s’il anticipe une collision arrière, il peut contribuer à réduire la fatigue au volant.
Il aide aussi les conducteurs qui ont tendance à rouler trop vite sur l’autoroute à respecter les limites de vitesse. De nos jours, on parcourt une plus grande distance pour se rendre au travail et la circulation est de plus en plus dense. Le régulateur de vitesse adaptatif peut aider les automobilistes à atteindre leur destination sans tracas en assurant le respect d’une distance sécuritaire entre les véhicules.
« Ça aide les conducteurs à suivre le flux de la circulation sans avoir à constamment le surveiller », précise M. DiCicco.
Test maison des dispositifs d’aide à la conduite
Toutefois, selon M. DiCicco, le régulateur de vitesse adaptatif a ses limites.
Ne vous référez pas au manuel du propriétaire pour obtenir davantage de précisions là -dessus par contre. « J’ai consulté le manuel du propriétaire. On n’y dit pas grand-chose, à part suggérer au conducteur d’utiliser le régulateur sur l’autoroute en terrain plat et lorsque les conditions météo sont favorables », se souvient M. DiCicco.
Il a donc décidé de découvrir lui-même ce que le dispositif pouvait faire et ne pouvait pas faire ainsi que les moments propices à son utilisation. Le régulateur de vitesse adaptatif de M. DiCicco lui offrait trois choix : une seconde, deux secondes ou trois secondes de distance entre les véhicules. Il a sélectionné la distance maximale offerte, soit trois secondes à 100 km/h. Il s’agit de la distance de freinage minimale recommandée lorsqu’on roule à une vitesse normale sur l’autoroute et que les conditions sont idéales.
Réglé ainsi, si le véhicule devant nous roule à 100 km/h et s’arrête, le régulateur ordonnera automatiquement à notre voiture de freiner jusqu’à un arrêt complet en l’espace de trois secondes.
Attention aux bretelles de sortie
DiCicco raconte que tout s’est bien passé jusqu’à ce qu’il mette le régulateur à l’essai dans une bretelle de sortie. Voici ses préoccupations :
« Oui, la voiture a ralenti en synchronisation avec le véhicule devant moi à l’approche de la bretelle de sortie. »
Mais il se demande ce qui serait arrivé si le conducteur du véhicule qui le précédait n’avait pas ralenti suffisamment ou si le capteur du régulateur avait perdu de vue l’autre véhicule dans la courbe et avait accéléré ne détectant aucun véhicule devant lui dans la courbe.
« La technologie ne reconnaît pas les courbes et n’est pas consciente qu’il est stupide de prendre un virage serré à 100 km/h. »
Il conseille vivement aux conducteurs d’éteindre le régulateur de vitesse adaptatif dans les bretelles d’autoroute. Il recommande également de faire preuve de prudence sur les routes sinueuses, étant donné que le régulateur n’est pas conçu pour tenir compte des courbes.
Ami des beaux jours seulement
Le régulateur de vitesse adaptatif ne fait pas non plus de merveilles sur les chaussées glissantes ni lorsque la visibilité est réduite. En vérité, il est conçu pour être utilisé dans des conditions idéales. La neige abondante, la gadoue et le sel de voirie peuvent aussi nuire au bon fonctionnement de son capteur. Bien sûr, le système de contrôle de la stabilité de votre voiture prendra le relais pour corriger la situation en cas de pépin. Malgré tout, M. DiCicco met les conducteurs en garde : mieux vaut simplement éteindre le régulateur au premier signe de mauvais temps pour éviter le dérapage.
DiCicco prévient les automobilistes : si vous pensez que le régulateur de vitesse adaptatif conduira à votre place pendant que vous faites autre chose, détrompez-vous. Son test maison le montre, le conducteur doit être vigilant même lorsqu’il utilise ce dispositif et ne pas s’en remettre entièrement à lui. Il est essentiel d’être attentif et prêt à réagir en tout temps sur la route.
Voici d’autres exemples de dispositifs d’aide à la conduite :
- Contrôle électronique de la stabilité (ou ESC pour Electronic stability control). Il s’agit d’un dispositif qui détecte le dérapage et applique automatiquement les freins sur les roues qui doivent retrouver leur stabilité. Certains systèmes ESC réduisent la puissance du moteur jusqu’à ce que le conducteur reprenne le contrôle du véhicule. Par exemple, il peut vous aider à éviter la catastrophe quand vous vous rendez compte que vous n’avez pas ralenti suffisamment dans une bretelle de sortie glissante.
- Alerte de franchissement involontaire de voie et avertisseur de sortie involontaire de voie. Quand la voiture dévie et change involontairement de voie, l’alerte émet un bip fort ou fait vibrer le volant pour avertir le conducteur, tandis que l’avertisseur corrige la trajectoire de la voiture.
- Dispositif de détection des piétons. Celui-ci décèle la présence des piétons à l’intérieur d’une zone précise autour du véhicule. Le cas échéant, il avertit le conducteur et active automatiquement les freins. Ne vous est-il jamais arrivé de lever le pied de la pédale de frein au moment où l’autobus devant vous s’apprêtait à repartir et qu’à ce moment même un piéton s’élance entre vous et l’autobus? Ce système détecte les piétons imprudents et applique les freins.
DiCicco souligne que les dispositifs d’aide à la conduite varient d’un fabricant d’automobiles à l’autre et que chacun a ses limites. Par exemple, un système de détection d’angles morts peut ne pas percevoir un cycliste qui « déboule à toute vitesse dans un angle peu visible alors que vous tournez à droite sur un feu rouge ».
Se familiariser avec les nouveaux dispositifs de sécurité peut représenter un défi
Si l’on en croit M. DiCicco, il n’est pas rare de rencontrer des difficultés durant la transition technologique.
Lorsqu’une grande entreprise de services publics a intégré le système de freinage antiblocage à sa flotte de véhicules, les chauffeurs trouvaient que les véhicules équipés de freins ABS avaient tendance à se renverser quand ils relâchaient les freins au moment de passer de l’autoroute à un accotement en gravier. Appelé à diagnostiquer le problème, M. DiCicco s’est aperçu que relâcher les freins n’était pas la bonne chose à faire avec les ABS. Il a plutôt conseillé aux chauffeurs de freiner avec force pour favoriser la traction sur le gravier, et les tonneaux ont cessé.
Selon M. DiCicco, les dispositifs d’aide à la conduite peuvent améliorer la façon dont les gens conduisent. Le public prend de plus en plus conscience de leurs avantages, mais n’est pas formé pour les utiliser adéquatement, dit-il. Dans de nombreux cas, lire le manuel du propriétaire n’est pas suffisant. À l’heure actuelle, aucun règlement n’oblige les personnes qui conduisent pour la première fois un véhicule équipé de dispositifs d’aide à la conduite à suivre un cours sur les nouvelles technologies automobiles.
DiCicco prévient les automobilistes : si vous pensez que le régulateur de vitesse adaptatif conduira à votre place pendant que vous faites autre chose, détrompez-vous… Il est essentiel d’être attentif et prêt à réagir en tout temps sur la route.
L’heure est à la réévaluation
DiCicco affirme que le public se rend compte qu’une formation est nécessaire.
« Nous recevons de plus en plus de demandes venant d’enfants qui craignent que leurs parents ne comprennent pas le fonctionnement des dispositifs d’aide à la conduite dans leur voiture. Ou de gens qui ont été impliqués dans un accident de la route qui aurait pu être évité s’ils avaient su comment utiliser les dispositifs de sécurité intégrés à leur véhicule. »
Selon M. DiCicco, les parents veulent que leurs adolescents reçoivent une formation sur les dispositifs d’aide à la conduite et la plupart des conducteurs chevronnés admettent ne pas savoir comment se servir des systèmes de sécurité de leur propre voiture.
« Il est bon d’offrir une formation théorique, mais il est impératif d’offrir aussi une formation pratique si l’on veut que les conducteurs maîtrisent les dispositifs d’aide à la conduite. »
Le problème en ce moment, c’est qu’il y a une pénurie de cours adéquats sur le sujet.
C’est le début d’une nouvelle ère dans la conduite automobile et donc « le temps de retourner à l’école pour revoir nos notions en la matière ».
Les conducteurs doivent consulter les sites Web des auto-écoles de leur coin pour trouver celles qui offrent des cours sur les dispositifs d’aide à la conduite. Si aucune d’entre elles n’en offre, ils doivent alors en faire la demande par téléphone ou par courriel. Même chose pour les parents qui cherchent une formation pour leurs adolescents (et les enfants qui en cherchent une pour leurs parents). Les écoles de conduite automobile comprendront bientôt le message.
N’oubliez pas : un appel ou un courriel pourrait vous mettre sur la bonne voie en matière de sécurité au volant et d’aide à la conduite.